Espèces envahissantes 155
Limitons les espèces envahissantes
Ostreopsis : des micro-algues toxiques pour les baigneurs
Jusqu’à présent, en mer
Méditerranée, la prolifération de
micro-algues toxiques a été considérée comme
un problème de santé publique uniquement
lorsque les toxines de ces organismes pouvaient
se concentrer dans la chaîne alimentaire. C’est
pour cette raison que la vente d’huîtres est parfois
interdite. Mais certaines micro-algues peuvent
aussi causer des problèmes de santé humaine sans
passer par la chaîne alimentaire, par simple contact
ou inhalation d’aérosols contenant des cellules,
des débris de cellules ou des toxines. C’est le cas
pour les dinoflagellés du genre Ostreopsis, qui
se développent sur les petits fonds, fixés sur des
algues.
En 2005, à Gênes (Ligurie, Italie), un dimanche
de la fin du mois de juillet, environ 200 personnes
se sont rendues aux urgences en présentant des
symptômes similaires : problèmes respiratoires,
fièvre, irritations cutanées, conjonctivites. Des
phénomènes identiques se sont reproduits par la
suite en Italie, en Algérie et en Espagne, et à chaque
fois, ils ont été associés à des développements
importants d’Ostreopsis.
La prolifération d’Ostreopsis est souvent
accompagnée de celle d’au moins deux autres
espèces de dinoflagellés potentiellement toxiques :
les Prorocentrum lima et Coolia monotis. Ces
espèces, connues depuis très longtemps dans les
zones tropicales, se développent depuis quelques
décennies en grande quantité en Méditerranée
(aussi bien dans le bassin occidental que dans le
bassin oriental), ainsi que dans d’autres régions
tempérées (Nouvelle zélande, Brésil, Japon,
Luisa Mangialajo, maître de conférences, Université Côte d’Azur (CNRS UMR 7035 « ECOSEAS ») luisa.
[email protected] et Rodolphe Lemée, Professeur à Sorbonne
Université, Lab. d’Océanographie de Villefranche (UMR 7093), Institut de
la Mer de Villefranche.
[email protected]
« Mousse » ou velours marron constitué
d’agglomération très importante de
cellules d’Ostreopsis recouvrant les
rochers sur les petits fonds près des plages
Ostreopsis ovata au microscope
© Luisa MANGIALAJO
© Stephanie COHU