Méditerranée Mer Vivante 20e édition

(jfmeinesz) #1

Destructions et restauration^167


Défendons la biodiversité marine


dans les parties les plus chaudes de la Méditerranée
(les rives sud et bassin oriental), ont aujourd’hui des
effectifs en augmentation le long des côtes nord
occidentales.
Devant les côtes françaises de la Méditerranée,
la petite girelle paon, par exemple (voir photo
p. 136), est maintenant un poisson commun des
petits fonds rocheux. Les barracudas, rares par le
passé, sont maintenant régulièrement observés par
les plongeurs et les pêcheurs. Il en est de même
pour la dorade coryphène ou le diable de mer.
Mais le réchauffement peut avoir d’autres
conséquences spectaculaires. Tout le monde
a entendu parler du blanchiment des coraux
tropicaux : ils meurent à la suite d’une augmentation
de la température de l’eau de mer. En Méditerranée,
un phénomène similaire a été décrit : la mortalité
massive des gorgones durant l’été 1999, également
due, en partie, à la température.
Par contre, dans les grands changements constatés, il
convient surtout de ne pas considérer que toutes les
nouvelles espèces signalées en Méditerranée sont
liées au réchauffement. Il peut s’agir d’une espèce
introduite, comme les algues Caulerpa taxifolia
et Caulerpa cylindracea provenant toutes deux
de régions tempérées du sud de l’Australie, ou des
poissons venant de la Mer Rouge ou de l’Atlantique
(voir p. 160-165). Il s’agit d’espèces introduites
souvent envahissantes et qui se propagent en
Méditerranée indépendamment des changements
de température.
D’autres espèces présentent d’importantes
fluctuations d’abondance naturelles, indépendantes
du réchauffement, comme par exemple le poisson
denti (Dentex dentex).
La flore et la faune de Méditerranée sont donc bel
et bien en train de changer. Toutefois, être capable
d’identifier les causes est souvent difficile. Cela
nécessite tout d’abord une bonne connaissance des


espèces normalement présentes en Méditerranée
et ensuite de pouvoir réaliser régulièrement des
suivis faunistiques ou floristiques. Lorsque l’on sait
que ce type de travail n’est pas considéré comme
valorisant par la plupart des instances scientifiques
nationales, on comprend mieux pourquoi de tels
suivis à long terme ne sont que rarement réalisés.
Les aires marines protégées pourraient servir de
laboratoires naturels où ces observations peuvent
être recueillies. Mais leur faible nombre le long
des côtes méditerranéennes ne permet pas une
approche globale. La constitution d’un réseau
d’observateurs bénévoles reste donc la meilleure
solution pour alerter rapidement les quelques
scientifiques travaillant dans ce domaine. Participez
à ce réseau : si vous observez en mer une espèce
inhabituelle pour vous, envoyer nous le maximum
de détails possibles (localisation, date, photos,
conditions d’observations), vous contribuerez
certainement à faire progresser nos connaissances!

© Thierry PEREz

© Jean-Marie DOMINICI

Dorades coryphènes (Coryphaena hippurus)
observées devant Monaco

Un denti (Dentex dentex) en pleine eau dans la
Réserve naturelle de Scandola (Corse)
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