J'irai manger des khorovadz

Le pays invisible

usines d’armement à l’époque soviétique est soupçonnée de continuer à
fabriquer des armes et de les vendre à travers le monde^56. Après mon

retour en France je découvrirai dans un guide^57 des conseils stupéfiants
et déconcertants : « Votre sort dépend uniquement de l’humeur des
gardes-frontières » « L’ambassade française ne pourra rien faire pour
vous aider en cas de problème » « S’y rendre par ses propres moyens
présente des risques » « Toute prise de vue nécessite normalement une
autorisation officielle sous peine parfois de la case prison ».
Heureusement que je n’avais pas découvert toutes ces
recommandations avant mon départ! Je suis entré naïvement et
facilement dans ce pays en prenant des photos sans m’inquiéter. Dans
certains cas mieux vaut ne pas savoir plutôt que de se préparer à vivre
des situations difficiles qui ne se présenteront peut-être pas. Cela risque
de paralyser notre enthousiasme et notre curiosité d’esprit.
Je reprends la route elle est déserte. Quasiment pas de voiture
personne les villages semblent presque inhabités on dirait que les gens
se cachent. La sortie de ce « pays » perdu sur la carte du monde sera
toutefois moins évidente. Arrivant sur mon vélo au poste de douane je
m’arrête devant le fonctionnaire en uniforme. Je ne me risque pas à
prendre de photo même si l’envie me démange.

• Bonjour votre passeport s’il-vous-plaît.
  Je lui tends le précieux document en espérant au fond de moi revoir
  cette pièce indispensable à ma survie de pédaleur insatiable. Le
  fonctionnaire armé disparaît dans le bureau et revient un peu après...
  sans mon passeport. Ce que je craignais.


• Vous ne pouvez pas passer vous ne pouvez pas sortir il vous
  manque un tampon sur vos papiers.


• Mais on ne m’a rien dit à l’entrée j’ai rempli tous les formulaires
  nécessaires que l’on m’a remis.

(^56) Xavier Deleu - Transnistrie la poudrière de l'Europe Hugo Paris 2005.
(^57) Le Petit Futé Moldavie.